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. Nous ne le pouvons pas, répondit Manoel, et il fautqu aujourd hui même nous ayons réussi ! 274 Si, au contraire, reprit le pilote, ce corps est resté prisdans les herbes et les roseaux, au bas de la berge, nous ne se-rons pas une heure sans l avoir retrouvé.À l Suvre donc ! » répondit Benito.Il n y avait pas d autre manière d opérer.Les embarcationss approchèrent de la berge, et les Indiens, munis de longues gaf-fes, commencèrent à sonder toutes les parties du fleuve, àl aplomb de cette rive, dont le plateau avait servi de lieu de com-bat.L endroit, d ailleurs, avait pu être facilement reconnu.Unetraînée de sang tachait le talus dans sa partie crayeuse, quis abaissait perpendiculairement jusqu à la surface du fleuve.Là,de nombreuses gouttelettes, éparses sur les roseaux, indiquaientla place même où le cadavre avait disparu.Une pointe de la rive, se dessinant à une cinquantaine depieds en aval, retenait les eaux immobiles dans une sorte de re-mous, comme dans une large cuvette.Nul courant ne se propa-geait au pied de la grève, et les roseaux s y maintenaient norma-lement dans une rigidité absolue.On pouvait donc espérer quele corps de Torrès n avait pas été entraîné en pleine eau.D ailleurs, au cas où le lit du fleuve aurait accusé une déclivitésuffisante, tout au plus aurait-il pu glisser à quelques toises dutalus, et là encore aucun fil de courant ne se faisait sentir.Les ubas et les pirogues, se divisant la besogne, limitèrentdonc le champ des recherches à l extrême périmètre du remous,et, de la circonférence au centre, les longues gaffes de l équipen en laissèrent pas un seul point inexploré.Mais aucun sondage ne permit de retrouver le corps del aventurier, ni dans le fouillis des roseaux ni sur le fond du lit,dont la pente fut alors étudiée avec soin. 275 Deux heures après le commencement de ce travail, on futamené à reconnaître que le corps, ayant sans doute heurté letalus, avait dû tomber obliquement, et rouler hors des limites dece remous, où l action du courant commençait à se faire sentir.« Mais il n y a pas lieu de désespérer, dit Manoel, encoremoins de renoncer à nos recherches ! Faudra-t-il donc, s écria Benito, fouiller le fleuve danstoute sa largeur et dans toute sa longueur ? Dans toute sa largeur, peut-être, répondit Araujo.Danstoute sa longueur, non !& heureusement ! Et pourquoi ? demanda Manoel. Parce que l Amazone, à un mille en aval de son confluentavec le rio Negro, fait un coude très prononcé, en même tempsque le fond de son lit remonte brusquement.Il y a donc làcomme une sorte de barrage naturel, bien connu des marinierssous le nom de barrage de Frias, que les objets flottant à sa sur-face peuvent seuls franchir.Mais, s il s agit de ceux que le cou-rant roule entre deux eaux, il leur est impossible de dépasser letalus de cette dépression ! »C était là, on en conviendra, une circonstance heureuse, siAraujo ne se trompait pas.Mais, en somme, on devait se fier àce vieux pratique de l Amazone.Depuis trente ans qu il faisait lemétier de pilote, la passe du barrage de Frias, où le courants accentuait en raison de son resserrement, lui avait souventdonné bien du mal.L étroitesse du chenal, la hauteur du fond,rendaient cette passe fort difficile, et plus d un train de bois s yétait trouvé en détresse. 276 Donc, Araujo avait raison de dire que, si le corps de Torrèsétait encore maintenu par sa pesanteur spécifique sur le fondsablonneux du lit, il ne pouvait avoir été entraîné au-delà dubarrage.Il est vrai que plus tard, lorsque, par suite del expansion des gaz, il remonterait à la surface, nul doute qu ilne prît alors le fil du courant et n allât irrémédiablement se per-dre, en aval, hors de la passe.Mais cet effet purement physiquene devait pas se produire avant quelques jours.On ne pouvait s en rapporter à un homme plus habile etconnaissant mieux ces parages que le pilote Araujo
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