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.Je me tire.J’emmène Brutus en balade.— Le spectacle est fini, dit Morelli aux badauds.Sandy Polan était parmi eux.Elle mata Morelli au bon endroit d’un air appréciateur, et fila.— Ça voulait dire quoi ? me demanda Joe.J’écartai les bras en signe d’ignorance.— Va savoir.Une fois dans son pick-up, je troquai sa veste contre mon pull.— Simple curiosité malsaine de ma part, dis-je.Ça faisait combien de temps que tu me regardais me battre contre Ruzick ?— Pas longtemps.Une ou deux minutes.— Et Ranger ?— Pareil.— Vous auriez pu intervenir, m’aider, non ?— On essayait, mais impossible de vous attraper, vu la façon dont vous tourniez sur vous-mêmes.De toute façon, tu semblais t’en sortir très bien.— Comment as-tu su où j’étais ?— J’ai parlé à Ranger.Il a appelé sur ton portable.Je contemplai ma robe.Sans doute bonne à jeter.Une chance que je n’aie pas mis le petit modèle noir.— Où étais-tu passé ? Je suis allée dans les toilettes pour hommes, il n’y avait personne.— Frankie avait besoin de prendre l’air.Morelli s’arrêta à un feu rouge et me lança un coup d’œil.— Qu’est-ce qui t’a pris de foncer sur Alphonse comme ça ? Tu n’étais pas armée.Foncer sur Alphonse, ce n’était pas ça qui m’inquiétait.O.K., ça n’avait pas été l’idée du siècle.Mais ça n’avait pas été aussi bête que de marcher dans les rues, seule et sans arme, alors que Ramirez pouvait surgir d’un moment à l’autre.Morelli gara le pick-up au parking et m’accompagna jusqu’à mon appartement.Là, il me plaqua contre la porte et m’embrassa légèrement sur la bouche.— Je peux entrer ?— J’ai du marc de café plein les cheveux…Et Randy Briggs sur mon canapé.— Ouais, dit Morelli.Ça te donne un parfum de miel.— Je ne sais pas trop si je suis d’humeur romantique ce soir.— On n’est pas obligés d’être romantiques.On pourrait se contenter d’un plan cul chaud-chaud-chaud.Je levai les yeux au ciel.Morelli m’embrassa encore.Pour me souhaiter bonne nuit, cette fois.— Tu m’appelles quand tu es partante.— Partante pour quoi ?Comme si je ne le savais pas.— Pour tout ce que tu voudras.J’entrai chez moi et passai sur la pointe des pieds devant Briggs endormi.Dimanche matin, je m’éveillai au son de la pluie qui martelait régulièrement mon escalier de secours, éclaboussant ma fenêtre.Je tirai les rideaux et songeai beurk.Le monde était une grisaille, et, au-delà du parking, il était tout bonnement inexistant.Je regardai mon lit.Très tentant.Je pourrais m’y lover et y rester jusqu’à ce que la pluie cesse, ou jusqu’à la fin du monde, ou jusqu’à ce que quelqu’un ait la bonne idée de venir me réveiller avec un sachet de beignets.Malheureusement, si je me recouchais, il se pourrait que je regarde le plafond et fasse le bilan de ma vie.Et ma vie, ça n’allait pas fort en ce moment.Le projet qui me prenait le plus de temps et le plus d’énergie n’allait pas me rapporter un kopeck.Aucune importance, de toute façon, j’étais bien décidée à ramener Fred mort ou vif.Les coups sur lesquels me mettait Ranger ne marchaient jamais.Et mon boulot de chasseuse de primes, c’était feue la poule aux œufs d’or.Si je commençais à penser à ma vie, je risquais d’en arriver à la conclusion qu’il fallait que je me trouve un vrai travail.Un job qui imposait de porter des collants tous les jours et d’être dynamique.Pire : je risquais de penser à Morelli, et de me dire que j’avais été conne de ne pas lui avoir proposé de passer la nuit avec moi… Ou pire encore : je risquais de penser à Ranger, et ça, je ne voulais pas y penser !Et alors, je me souvins pourquoi je n’avais pas invité Morelli à entrer.Briggs.Je fermai les yeux.Et priai pour que tout cela ne soit qu’un cauchemar.Bang, bang, bang !Des coups frappés à ma porte.— Hé ! cria Briggs.Vous n’avez pas de café ? Comment voulez-vous que je travaille si je ne bois pas mon café ? Vous savez l’heure qu’il est, Belle au Bois Dormant ? Vous pioncez toute la journée ou quoi ? Pas étonnant qu’y ait rien à bouffer dans ce trou à rats !Je me levai, m’habillai et déboulai au salon.— Écoutez-moi bien, Rase-Mottes… vous vous prenez pour qui, d’abord ?— Pour le type qui va vous coller un procès au cul.Voilà pour qui je me prends.— Donnez-moi encore un peu de temps, et je vais finir par vous haïr.— Zut, juste au moment où je pensais que vous étiez devenue mon ange gardien [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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