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.Le mari assassiné, selon les dires de Peter.Selon tes dires.Le village de Waytansea tout entier, c’est cela, le coma que ses habitants ont en partage.Pour information, juste au cas où, sache que Wilmot Mère t’envoie toute sa tendresse.Ce n’est pas pour ça qu’elle a la moindre envie de te rendre visite.Jamais.Bien bordée dans son lit, Tabbi roule la tête de côté pour regarder par la fenêtre, et dit : « Est-ce qu’on peut aller faire un pique-nique ? »Nous n’en avons pas les moyens, mais à la minute où tu mourras, Mère Wilmot s’est déjà choisi une fontaine à eau, laiton et bronze, sculptée en forme de Vénus nue perchée en amazone sur une conque.Tabbi a apporté son oreiller quand Misty a emménagé avec elle au Waytansea Hôtel.Elles ont toutes les trois apporté quelque chose.Misty a apporté ton oreiller, parce qu’il sent comme toi.Dans la chambre de Tabbi, Misty est assise au bord du lit, et peigne les cheveux de son enfant entre ses doigts.Tabbi a les longs cheveux noirs de son père et ses yeux verts.Tes yeux verts.Elle dispose d’une petite chambre qu’elle partage avec sa grand-mère, tout à côté de la chambre de Misty, dans le grenier à l’entresol, au-dessus du hall de l’hôtel.Pratiquement toutes les anciennes familles de l’île ont loué leur maison et emménagé dans le grenier de l’hôtel.Les chambres au papier peint de roses passées.Qui pèle à chaque raccord.Il y a un lavabo rouillé et un petit miroir boulonné au mur dans toutes les chambres.Dans chacune, deux ou trois lits en fer, à la peinture écaillée, au matelas mou et affaissé en son milieu.Il s’agit là des pièces à l’étroit, installées en soupente, sous des plafonds à l’oblique, derrière leurs petites fenêtres, ces lucarnes pareilles à des rangées de niches à chien sur le toit pentu de l’hôtel.Le grenier est un casernement, un camp de réfugiés pour de gentils nobles blancs de la campagne.Des gens nés seigneurs du manoir partagent maintenant une salle de bains dans le couloir.Ces gens qui jamais n’avaient eu le moindre boulot, cet été, ils servent aux tables.Comme s’ils s’étaient retrouvés, tous autant qu’ils sont, à court d’argent au même moment, cet été, chaque insulaire de sang bleu transporte les bagages à l’hôtel.Fait les chambres et le ménage.Cire les chaussures.Fait la plonge.Une industrie de service constituée de blonds aux yeux bleus, aux cheveux brillants et aux longues jambes.Polis, pleins d’allant, impatients et soucieux d’aller quérir un cendrier propre ou de décliner l’offre d’un pourboire.Ta famille – ton épouse, ton enfant et ta mère, elles dorment toutes les trois dans des lits en fer complètement défoncés à la peinture écaillée, sous des plafonds en soupente, en compagnie de leur butin, l’argenterie et les reliques en cristal de leur ancienne existence si distinguée.Va y comprendre quelque chose, mais toutes ces familles insulaires, tous ces gens sourient et sifflotent.Comme s’il s’agissait là d’une quelconque aventure.Une petite escapade un peu loufoque.Comme s’ils s’encanaillaient dans les industries de service.Comme si cette façon assommante de juste vivoter de courbette en courbette n’allait pas constituer dorénavant le restant de leurs existences.Leurs existences à eux et celles de leurs enfants.Comme si la nouveauté de la chose n’allait pas faire long feu après un mois.Ils ne sont pas idiots.C’est simplement qu’aucun d’eux n’a jamais été pauvre.Rien de comparable avec ton épouse : elle, elle sait ce que c’est, un dîner de crêpes.Elle sait ce que c’est que de manger du fromage provenant des surplus du gouvernement.De boire du lait en poudre.De porter des chaussures à coques d’acier et de passer à la pointeuse, cette foutue pointeuse.Assise en compagnie de Tabbi, Misty demande : « Alors, c’est quoi ton secret ? »Et Tabbi lui répond : « Je n’ai pas le droit de le dire.» Misty borde les couvertures autour des épaules de la petite fille, de vieux draps et couvertures d’hôtel qui, à force de lavages répétés, sont réduits aujourd’hui à des trames de peluches grises et une odeur de Javel.La lampe à côté du lit de Tabbi, c’est sa lampe à elle, en porcelaine rose décorée de fleurs peintes.Elles l’ont rapportée de la maison.La plupart de ses livres se trouvent ici, ceux qui n’étaient pas trop grands.Elles ont pris également ses peintures de clowns et les ont suspendues au-dessus de son lit.Le lit de sa grand-mère est suffisamment près pour que Tabbi puisse, en tendant la main, en toucher la courtepointe en patchwork qui le recouvre, tous ces morceaux de velours de robes de Pâques et d’habits de Noël, vieux d’un siècle.Sur l’oreiller, il y a son journal intime relié en cuir rouge avec « Journal Intime » écrit sur la couverture en arabesques d’or.Et tous les secrets de Grâce Wilmot bien verrouillés à l’intérieur.Misty dit : « Ne bouge pas, chérie », et elle décolle un cil égaré sur la joue de Tabbi.Misty fait rouler le cil entre deux doigts.Il est aussi long que les cils de son père.Tes cils.Avec le lit de Tabbi et le lit de sa grand-mère, deux lits jumeaux, il ne reste plus beaucoup de place.Wilmot Mère a apporté son journal intime.Ça, et aussi son panier à couture plein de fils à broder.Ses aiguilles à tricoter, ses crochets et ses cerceaux à broderie.C’est une chose qu’elle peut faire assise dans le hall en compagnie de ses vieilles amies ou dehors sur la promenade en planches qui surplombe la plage, quand il fait beau.Ta mère est exactement pareille à toutes les autres vieilles et belles familles du Mayflower, qui viennent poser leurs chariots en cercle au Waytansea Hôtel et attendent que les abominables étrangers, de guerre lasse, mettent un terme au siège.Si stupide que cela paraisse, Misty a emporté son matériel à dessin.Sa boîte en bois pâle pleine de couleurs et d’aquarelles, son papier et ses pinceaux, le tout empilé dans un coin de sa chambre.Et Misty dit : « Tabbi, chérie ? » Elle dit : « Tu désires peut-être aller vivre avec ta grand-mère Kleinman près de Tecumseh Lake ? »Et Tabbi roule la tête de gauche et de droite – non – contre son oreiller, avant de s’arrêter et de lancer : « Mamie Wilmot m’a expliqué pourquoi papa faisait tellement la gueule tout le temps.»Misty lui répond : « Ne dis pas « faire la gueule », s’il te plaît [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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